Canard, bois, sorcière ?
Qui dit anthologie dit mélange de rupture et de continuité. On quitte l’océan Pacific et le SS Ourang Medan, navire fantôme fruit de légendes urbaines, pour plonger dans les tréfonds de la Nouvelle-Angleterre, dans la sympathique bourgade de Little Hope. Malheureusement, celle-ci semble isolée par un brouillard particulièrement épais et autant il est facile d’y entrer, en ressortir est une autre paire de manches.
C’est ce que découvriront nos cinq nouveaux personnages, dont le bus a eu la très mauvaise idée de se renverser à cinq minutes de la fameuse ville abandonnée. Nouvelle histoire, nouveau casting, nouveau contexte, principe similaire : il n’y a pas de doute, on est bien en terre inconnue-mais-pas-trop.
À découvrir : Nos premières minutes de gameplay en compagnie de Little Hope | Notre vidéo de l’une des fins du jeu.Ce deuxième volet est surtout l’occasion pour Supermassive Games d’explorer un autre pan de l’horreur, ici forcément tournée vers la sorcellerie au vu des événements survenus en Nouvelle-Angleterre au XVIIème siècle. Si les procès de sorcières vous parlent, il y a de fortes chances que l’histoire racontée par The Dark Pictures : Little Hope vous séduise. Bien que le jeu se déroule de nos jours, les personnages sont rapidement propulsés quelques centaines d’années en arrière pour mieux cerner les raisons de leur présence dans la ville.
Dans l’ensemble, la narration se veut surtout plus fine que celle de Man of Medan dont le scénario était plus “cliché” et bas du front. Le mystère est un excellent moteur de cette nouvelle entrée dans l’anthologie Dark Pictures, plus encore que dans le premier titre. L’atmosphère y est plus pesante, étonnamment plus proche de Until Dawn (dans la forme), sans jamais pour autant réussir à faire plus que titiller l’excellente exclusivité de la PS4.
Problèmes anthologiques
Voyez-vous, s’il lui est supérieur d’un point de vue “thématique”, The Dark Pictures : Little Hope ne reste que le petit frère de Man of Medan, dont il a hérité des tares tout en leur apportant des corrections mineures. Le jeu repose toujours sur un équilibre précaire entre longues phases de marche et d’exploration, phases de dialogues et de choix, et QTE. Le rythme se veut haché, alternant entre instants de repos et séquences haletantes.
Ce ne serait pas un problème si les mécaniques pour passer de l’un à l’autre n’étaient pas aussi redondants. Par exemple, la technique du jump scare revient en permanence, au point de finir par provoquer l’effet inverse de celui recherché. En revanche, les QTE ont gagné en flexibilité ce qu’ils ont perdu en impact. Difficile d’en rater un seul et par conséquent d’en subir les conséquences puisque le joueur est constamment prévenu qu’il va avoir quelque chose à faire. Cela aura au moins le mérite de faciliter la vie des non-joueurs, pour qui les actions contextuelles restent probablement une science occulte.
Pour le reste, Supermassive Games fait du Supermassive Games. The Dark Pictures : Little Hope est techniquement brillant quand il n’est pas tout bêtement honteux. Les plus beaux effets de lumière de toute cette génération de consoles côtoient les expressions faciales les plus gênantes sans le moindre complexe. Ce n’est pas toujours le cas, heureusement, le casting aide à faire passer la pilule à travers des performances toutes à peu près correctes. Will Poulter confirme son statut de prodige touche-à-tout et survole le reste de la distribution avec une aisance folle.
Ce test a été réalisé à partir d’une version dématérialisée, fournie par l’éditeur, sur Xbox One X.