Avec l’âge, Johnny se Gat ?
Parler de Saints Row The Third, c’est s’isoler le temps d’un petit retour dans le temps et d’une re-contextualisation nécessaire. Nous sommes en 2011, GTA 5 n’est encore qu’un lointain fantasme et l’humour mongolo-scato de Borderlands 2 n’a pas encore infecté toute la sphère vidéoludique. En d’autres termes, la période est calme. C’est là que débarque Johnny Gat et sa bande, prêts à foutre le boxon de toutes les manières possibles et imaginables.
Comprenez par là que pour son époque, Saints Row The Third est un produit unique, une proposition follement outrancière, inclassable parmi les inclassables. Un produit tellement excessif que l’on en vient à se demander comment la sauce a pu prendre à l’époque. Aujourd’hui, la réponse est beaucoup plus simple : le jeu vidéo était destiné à s’enfoncer dans cette tendance du grand n’importe quoi. Un simple coup d’oeil aux danses de victoire, aux crossovers improbables et aux directions artistiques foutraques ne fait que confirmer ce simple fait. En 2020, Saints Row The Third aurait du passer pour mentalement sain, et pourtant…
Le rythme, la construction des missions et l’inventivité « rated R » des séquences de jeu forcent encore aujourd’hui le respect et lui permettent de se détacher du reste de la production. Aucun autre titre, durant les neuf années qui séparent la sortie de l’original de son remaster, n’est parvenu à reproduire cet état de grâce absolue, où chaque ajout stupide semble en parfaite adéquation avec le précédent. Saints Row The Third est un bordel à ciel ouvert qui fonctionne toujours aussi bien, en dépit du bon sens.
La narration n’a rien perdu de sa saveur et son côté provocateur n’en est que plus flamboyant aujourd’hui, parce que la profusion de titres cédant trop facilement aux sirènes de l’humour bête et décalé permet de souligner les qualités d’écriture de ce troisième opus.
Macs et remake
Pourtant, en 2011, le bilan était loin d’être reluisant. Le titre n’était pas très beau et tournait mal (sur consoles tout du moins). Aujourd’hui, c’est de l’histoire ancienne. Le remaster tourne comme une horloge, tout en affichant des graphismes bien plus fins qu’à l’époque. On ne parle pas d’une simple mise à l’échelle de la résolution, mais d’une amélioration considérable de certains effets et même d’assets revus de la tête aux pieds.
Naturellement, le jeu ne devient pas un Red Dead Redemption 2 pour autant et on sent le poids des âges assez rapidement. Mais l’effort de la part de Sperasoft, le studio derrière cette refonte, est remarquable, à l’heure où même un Mafia 2 vieux de 10 ans se contente du strict minimum pour arborer un joli « remaster » sous son logo.
En revanche, si le moteur a été largement boosté, le coeur de jeu reste le même et ça fait… vieux. Juste vieux. Les gunfights sont mous, la conduite un peu à l’ouest. Ce n’est pas grave. La plupart des GTA-likes ont ces problèmes et ils ne sont pas sanctionnés pour autant. La proposition de Saints Row n’a jamais résidé dans son gameplay mais dans sa capacité à se réinventer en permanence, à aller toujours plus loin. Et ça, ça n’a pas pris une ride !
Ce test a été réalisé à partir d’une version dématérialisée, sur PC, fournie par l’éditeur.