C’était il y a 18 ans déjà
Retour en 2002. Alors que GTA III règne en maître depuis un an, un certain Mafia : The City of Lost Heaven déboule sur nos PC. Une technique impressionnante (et gourmande) mais surtout un monde ouvert moins riche que chez Rockstar mais d’une maturité rare à l’époque et avec une narration forte. Quelques ingrédients qui ont suffit à faire du jeu, alors développé par Illusion Softworks, une référence. Et si on loue encore les qualités narratives et le charme de sa suite, le Mafia III de 2016 s’est quant à lui révélé bien moins inspiré.
C’est pourtant bien l’équipe de Hanger 13, en charge du troisième volet, qui s’est vu confier la lourde tâche de « ré-imaginer » le tout premier Mafia. Une Definitive Edition qui, disons-le tout de suite, jouit d’une technique de bonne facture. Sans atteindre l’excellence de certaines productions de cette fin de génération, Mafia DE propose une ville de Lost Heaven bien agréable à parcourir, avec de jolis effets de lumière, des textures propres, une bonne dose de clipping mais aussi des animations généralement agréables à l’oeil malgré quelques ratés.
Les expressions du visage laissent parfois perplexe, donnant l’impression que les personnages du jeu ne se prennent pas au sérieux, mais ce n’est en aucun cas rédhibitoire. Cela n’empêche en tout cas pas de profiter de doublages français très réussis, le genre de VF qui nous motive clairement à oublier la VO que l’on privilégie par habitude (et par confort la plupart du temps, avouons-le).
Lost Heaven confidential
Point fort du jeu dans sa version d’origine, la narration n’a rien perdu de sa superbe dans cette Definitive Edition. L’histoire qui y est racontée est globalement identique à celle d’origine, les changements narratifs étant pour la plupart limités aux échanges entre les personnages clés et à quelques situations secondaires parfaitement ancrées dans le matériau d’origine. Les fans du titre de 2002 auront tout de même droit à quelques surprises, et pas des moindres, mais Hangar 13 a en tout cas pris soin de respecter la structure du jeu de l’époque tout en apportant de quoi rendre l’atmosphère encore plus immersive que par le passé et en modernisant certains passages qui devaient l’être. Du beau travail en ce sens.
En jouant à Mafia : Definitive Edition, il ne faut donc pas s’attendre à un monde ouvert riche en activités secondaires. Non. Tout comme en 2002, passez votre chemin si c’est cela que vous recherchez. Ici le large environnement que représente Lost Heaven ne sert que de cadre fort confortable aux missions scénarisées et à une progression linéaire qui trouve tout son sens dans un monde vivant, animé et plaisant à parcourir en voiture quand on se rend d’un point A à un point B. À ce sujet, la conduite a été largement revue (fort heureusement) et s’appréhende comme n’importe quel autre titre du genre avec ses qualités (les sensations sont là et les différences entre les modèles se font bien sentir) et ses défauts (les gunfights au volant, quelle horreur).
Tommy Angelo, american gangster
Mafia : Definitive Edition prend soin de se rappeler aux adeptes du jeu de 2002 avec quelques éléments de difficulté. En mode Classique, les joueurs devront par exemple composer avec des forces de l’ordre au comportement bien plus strict, une mission Fair-Play (la fameuse course qui a traumatisé une génération de joueurs) proche des sensations d’origine (mais plus facile, tout de même) ou encore une gestion des minutions identique au Mafia de l’époque, à savoir la perte des balles restées dans un chargeur si on recharge l’arme trop tôt. Des détails, certes, mais toutes ces options ont le mérite d’être présentes.
Le GPS, lui, ne disparaît jamais du HUD de Mafia : Definitive Edition. Contrairement au jeu de base, le joueur profite donc d’un guide constant pour mieux circuler dans la ville. Pourquoi pas. Les affrontements sont quant à eux évidemment moins rigides et moins austères qu’avant. Une modernisation qui ne permet pour autant pas au jeu de Hangar 13 d’être particulièrement grisant lors des phases de combat, mais le système de couverture, la visée semi-auto (ou pas d’ailleurs, à configurer selon votre choix) et l’architecture classique des scènes d’action font le job. Ni plus ni moins.
Enfin, du côté des petites choses appréciables, on note la présence de nombreux collectibles. La licence a été répondu présente sur ce point, et ce ne sont pas les cartes de cigarettes de cette édition ni les couvertures des magazines pulp (années 20, 30 et 40) à dégoter qui vont changer la donne. Un mode Circulation Libre répond même présent, clin d’oeil au mode éponyme du Mafia de 2002 mais surtout une véritable invitation à explorer Lost Heaven dans des conditions personnalisables (moment de la journée, météo) et avec quelques surprises à découvrir (défis, collectibles, objets, etc.). Pas de quoi y passer des heures et des heures, non, mais l’effet de contemplation est bien là.
Ce test a été réalisé à partir d’une version dématérialisée, fournie par l’éditeur, sur Xbox One X.