Ombre et Lumières
Shady Part of Me nous met donc aux commandes de cette petite fille sans nom et sans visage, dont on ne sait rien si ce n’est qu’elle a développé une terrible phobie pour la lumière. Renfermée sur elle-même, elle semble ne communiquer qu’avec son ombre, que l’on peut également manipuler.
Si les deux petits personnages sont indépendants l’un de l’autre, leur progression ne pourra pourtant se faire qu’au prix d’une certaine coopération. La petite fille devra ainsi jouer avec les sources de lumières et les objets du décor pour façonner les ombres de sorte que son alter ego puisse avancer. A l’inverse, il arrive aussi parfois que l’ombre ait à interagir avec certains éléments afin d’aider la petite fille à avancer dans le monde réel. Seule deux contraintes sont imposées aux joueurs puisque la petite fille ne doit jamais se retrouver exposée à la lumière quand son ombre, elle, ne doit jamais être enveloppée dans l’obscurité.
À découvrir : Notre vidéo des premières minutes de Shady Part of Me.Le jeu repose ainsi sur des mécaniques simples, parfois déjà vues dans d’autres jeux, mais qui fonctionnent parfaitement. L’ensemble joue à merveille avec notre perception de la 3D tout en nous poussant à faire attention au moindre changement de perspective que l’on pourrait occasionner en jouant avec les éléments du décor. Et même si, on l’avoue, un ou deux puzzles nous ont semblé un peu tirés par les cheveux, sur l’ensemble de l’aventure on se régale à chaque instant.
Les plus frileux protesteront probablement sur le manque de challenge offert par Shady Part of Me. Mais si effectivement les différents puzzles se résolvent facilement, le jeu se renouvelle suffisamment pour éviter l’ennui. Grace à l’ajout, au fur et à mesure que l’on progresse, de nouvelles fonctionnalités le studio parvient en effet à maintenir l’attention du joueur durant les cinq ou six heures nécessaires pour terminer le jeu en ligne droite. Et pour ceux qui veulent se creuser encore un peu plus les méninges il reste la possibilité de récolter tous les origamis, ce qui demandera un peu plus de réflexions pour y parvenir.
Médecine douce
Simple et efficace, le gameplay sert avant tout le propos de cette fable poétique admirablement mise en scène. Difficile de rester de marbre face à cette direction artistique tout en aquarelle qui dégage une douceur remarquable. Pour autant, on ressent parfaitement cette noirceur qui entoure la petite fille et qui nourrit ses plus grandes peurs.
La narration, volontairement minimaliste, se fait à travers de courts dialogues entre la petite fille et son ombre, ainsi que par de rares interventions d’une mystérieuse voix off. La très juste interprétation d’Hannah Murray pour les voix permet par ailleurs d’instaurer une atmosphère tour à tour envoutante, anxiogène, rassurante ou optimiste. Un mélange que l’on retrouve également dans la bande son, composée par Nicolas Gueguen, qui joue de manière remarquable avec la dualité des personnages.
Au final, et même s’il ne cherche pas à nous tirer la larme à l’œil, Shady Part of Me est un jeu touchant, traitant de thématique pas nécessaire simple à appréhender dans la vie. En s’inspirant des rêves et cauchemars de notre enfance, le jeu de Douze Dixièmes réussit avec brio à nous rappeler au cas où on l’aurait oublié qu’être un enfant ce n’est, à bien des égards, pas toujours facile.
Ce test a été réalisée à partir d’une version dématérialisée, fournie par le distributeur, sur PC.