T’es fait, mon poulet !
Mais avant toute chose, ce qui marque dans Chicken Police – Paint It RED!, c’est sa direction artistique vraiment à part. Si les amateurs de polars noirs retrouveront sans grande surprise un titre tout en noir et blanc avec quelques touches de couleurs, comme ce que fait un Sin City, c’est au niveau des personnages que le bébé de The Wild Gentlemen sort du lot : des têtes d’animaux sur des corps humains.
Un aspect qui divisera tant il peut mettre mal à l’aise, même si ce côté donne un réel cachet à l’ensemble et permet au titre de se démarquer de la concurrence. L’ambiance noire est qui plus est renforcée par la pluie constante s’abattant sur la ville ainsi que par la bande-son très jazzy, très réussie soit dit en passant, vraiment typique des films du genre.
Dans ce titre, le joueur incarne Sonny Featherland, un policier poulet mis à pied et attendant la retraite, embauché pour mener l’enquête sur une banale histoire de menaces dans la cité de Clawville. Aidé de son ancien coéquipier Marty MacChicken, il va bien entendu découvrir que l’affaire se montre bien plus complexe que ça et qu’elle comporte son lot de meurtres, complots et autres secrets qui n’attendent qu’à être déterrés.
Là encore, un cocktail somme toute très classique pour un polar de ce genre, mais qui se montre tout de même très intéressant à suivre grâce à son écriture soignée, à ses personnages bien construits et à son background fourni et cohérent, les développeurs ayant par exemple inclus des partis politiques. On retrouve également un excellent doublage, notamment de la part de Sonny qui correspond parfaitement au flic désabusé, alcoolique et dépressif.
I see a red door, I want to paint it black
En bon jeu d’enquête narratif, Chicken Police – Paint It RED! propose un gameplay extrêmement limité et qui repose en grande partie sur le système d’interrogation. Le joueur se déplace d’un tableau à l’autre, peut interagir avec différents éléments du décor (pour récupérer des indices ou résoudre de petits puzzles) et discuter avec les différents personnages présents dans la scène. A ce niveau, différentes options s’offrent au poulet : simplement parler, poser des questions sur des sujets bien précis ou lancer un interrogatoire en bonne et due forme. Si les développeurs évoquent un système « complexe », force est de constater qu’il reste assez classique et surtout pas mal guidé.
Durant les phases d’interrogatoire, plusieurs questions sont en effet disponibles et c’est au joueur de faire le bon choix pour que son suspect dévoile ses secrets. Seulement voilà : Sonny donne de gros indices à plusieurs reprises durant l’interrogatoire concernant la manière d’aborder la personne en face de lui. Par exemple, l’un des premiers PNJ que l’on questionne est très sanguin et il est conseillé de ne pas lui poser de questions frontales mais plutôt de tourner autour du pot et de le laisser s’engouffrer lui-même dans la brèche. A la fin de l’interrogatoire, une sorte de jauge de score s’affiche, indiquant au joueur s’il s’est bien débrouillé ou non, sachant tout de même qu’il est quasiment impossible de ne pas y arriver.
Clawville Fried Chicken
Une autre phase de gameplay demande au joueur de récapituler l’affaire en liant entre eux les suspects et les indices. Là encore, rien de bien méchant tant le joueur est aidé, notamment par Sonny qui n’hésite pas à préciser si une association est fausse. Dommage, car au final il est impossible de se tromper, contrairement par exemple aux derniers Sherlock Holmes dans lesquels il était totalement possible d’accuser un innocent.
De ce côté, les amateurs de jeux d’enquêtes seront forcément déçus d’être ainsi pris par la main, même si l’on imagine que les développeurs voulaient avant toute chose dérouler leur histoire et permettre à tous d’en profiter du début à la fin.
Pour le coup, si les gens de The Wild Gentlemen avaient décidé d’opter pour un visual novel la chose n’aurait pas choqué tant on a l’impression que ces éléments de point’n click ont été rajoutés là, simplement pour proposer un peu d’interaction. Une impression qui est renforcée par la présence du stand de tir au commissariat de police et qui rajoute un peu d’action, mais totalement accessoire. Mais, une fois de plus, la chose est facilement pardonnable tant l’histoire, étonnamment mature d’ailleurs malgré quelques touches d’humour bienvenues, est intéressante à suivre et, surtout, extrêmement bien traduite. Les traducteurs ont fait du très bon boulot, avec des jeux de mots particulièrement bien trouvés, ce qui est assez rare pour être souligné.
Ce test a été réalisé à partir d’une version dématérialisée, fournie par l’éditeur, sur PS4.